France:Ghesquière et Taponier: leur détention au quotidien

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Ghesquière et Taponier: leur détention au quotidien

Par Nadéra Bouazza, publié le 30/06/2011 à 15:37

 
 Ghesquière et Taponier: leur détention au quotidien

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier à l'aéroport de Villacoublay, le jeudi 30 juin 2011.

REUTERS/Jacky Naegelen

A leur arrivée à Villacoublay, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont raconté leur quotidien en Afghanistan.

Du tarmac de Villacoublay, les deux journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés ce mercredi 29 juin, racontent par bribes leur récit de 18 mois de détention dans les montagnes afghanes. Moins de 24 heures après leur libération, le quotidien de leur détention prend le pas sur les considérations politiques. La chair parle car c'est elle qui vit et subit cette expérience à la fois physiquement et moralement.  

Difficultés liées à l'enfermement

"Les conditions de vie, c'est enfermé 23 heures 45 sur 24 heures avec deux sorties pour aller aux toilettes, à l'aube et le soir", confie Hervé Ghesquière au parterre de journalistes. Hervé lie cet enfermement à la paranoïa des talibans, qui craignaient une fuite sur leur localisation, de la part de la population locale ou d'un espion.  

A l'enfermement s'est ajoutée la solitude pour Hervé Ghesquière, séparé pendant 8 mois de son camarade de route Stéphane Taponier et du traducteur Reza. Du 13 avril au 13 décembre, seul, "c'était dur car j'avais ma liste de 50 mots de dari (la langue locale), mais lorsque nous étions avec notre traducteur, c'était mieux ", ajoute Hervé.  

La radio a été comme le palliatif d'un enfermement aussi long, aussi loin. "On nous a donné une radio à chacun. Hervé recevait la BBC et moi je recevais de temps en temps RFI .Nous étions bon an mal an au courant de ce qui se passait. C'est très important ces petits liens qui nous liaient à quelque chose. Ca nous faisait chaud au coeur."  

"Ca parait bête la nourriture, mais c'est vital"

Et les autres otages?
La joie n'efface pas la triste réalité de nombreux prisonniers détenus. Devant le soulagement de sa famille et ses amis qui se lit sur les visages, Stéphane Taponier adresse une pensée particulière aux familles qui attendent encore la libération de leurs proches.  

A plusieurs reprises, les deux journalistes reviennent sur la nourriture et lui confère une place centrale dans leur détention. La nourriture rythmait des journées "souvent longues". Hervé Ghesquière, plus bavard que son confrère, tient à apporter une précision: "Nous avions une nourriture, pas spéciale otages, mais une nourriture spéciale montagnes afghanes, c'est-à-dire très peu à manger, toujours la même chose." Notamment du riz et des haricots rouges, deux éléments que les otages ont demandé à leur famille d'éviter, pendant les premiers temps! "Mine de rien, quand on n'a rien à faire, parfois on se raccroche un peu à la nourriture. Là, ce n'était pas le cas, c'était même extrêmement pénible."  

"On essayait de rythmer notre temps"

18 mois de détention, soit 547 jours, ou encore 12960 heures, enfermés dans une pièce exigüe. "Le plus terrible au début, c'est de se dire: mais qu'est ce qu'on va faire de toute la journée, il est huit heures du matin, on va devoir vivre a priori sans rien à faire jusqu'à 10 heures du soir, rien à lire", confie Stéphane. Hervé de rajouter: "Il fallait structurer son temps et il ne fallait pas partir dans le désespoir".  

Le sport, nerf de la guerre pour le moral?

"Avec des journées parfois très longues, parfois très courtes, il fallait s'occuper", réaffirme Stéphane Taponier. Hervé Ghesquière rebondit: "Il dit rien. Stéphane faisait trois heures d'activités physiques par jour. Un jour, je lui dis, arrête les jeux olympiques c'est dans un an, tu vas être prêt. Moi, j'en faisais 45 minutes. Ca peut être bête, mais dès le deuxième jour, on a commencé à faire de l'exercice. Même dans une pièce de 10m2, on évacue du stress."  

Rapports avec les preneurs d'otages

Passer autant de jours avec des personnes, bien qu'elles soient des preneurs d'otages, crée toujours des liens. "On a eu des rapports souvent intéressants avec nos ravisseurs", notamment des discussions "sur la vie quotidienne, le rapport homme/femme", ajoute Hervé. "En même temps chez nos preneurs d'otages et chez les talibans en particulier, il y a une vraie culture du mensonge. Ils nous disent des choses, parfois c'est vrai, parfois c'est faux."  

Cependant, les deux journalistes insistent sur le fait qu'ils n'ont jamais été menacés de mort, jamais frappés, jamais enchaînés pendant leur détention en Afghanistan. Ils ont été vêtus d'un habit blanc, couleur des talibans, avant leur libération. Une tradition connue des deux journalistes, qui y ont perçu le présage d'une libération imminente.  

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