Cote d`Ivoire:La plus grande banque de Côte d'Ivoire suspend ses opérations

Publié le par lepetitjournalisteivoirien.over-blog.com

Publié par Associated Press le jeudi 17 février 2011 à 18h02. Modifié par Marco Chown Oved, Rukmini Callimachi, The Associated Press à 18h02.
La plus grande banque de Côte d'Ivoire suspend ses opérations
Emanuel Ekra / The Associated Press

ABIDJAN, Côte d'Ivoire - La plus grande banque de Côte d'Ivoire a suspendu ses activités jeudi après plusieurs autres institutions financières du pays, resserrant l'étau sur le président sortant qui refuse de céder le pouvoir près de trois mois après l'élection présidentielle.

Mises ensemble, les neuf institutions financières qui ont suspendu leurs opérations en Côte d'Ivoire cette semaine représentent la grande majorité des comptes bancaires des fonctionnaires du pays. Ces suspensions devraient avoir pour effet d'empêcher presque tous les employés de l'État de recevoir leur salaire. Des personnes prises de panique se sont précipitées dans les banques jeudi en tentant désespérément de retirer leurs épargnes par crainte d'une pénurie d'argent liquide.

La communauté internationale a décidé de recourir à des sanctions financières pour déloger le président sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir même si les résultats diffusés par la commission électorale ivoirienne et certifiés par les Nations unies l'ont donné perdant du second tour de l'élection par près de neuf points de pourcentage.

Parmi les sanctions imposées au régime de M. Gbagbo figure la révocation de sa signature sur les comptes de l'État à la banque régionale qui imprime la monnaie utilisée en Côte d'Ivoire. Une fois cette mesure prise le mois dernier, le gouvernement Gbagbo n'a plus été en mesure de faire des dépôts dans les banques privées où les salaires des fonctionnaires sont versés.

Les banques privées ont commencé à fermer plus tôt cette semaine, en commençant par la britannique Standard Chartered, la française BNP-Paribas, la nigériane Access et l'américaine Citibank. Elles ont été rejointes jeudi par la Société générale française, la plus importante institution financière de Côte d'Ivoire, qui a annoncé la fermeture de ses 47 succursales ivoiriennes desservant 230 000 clients.

«La banque n'est plus dans la position d'assurer des conditions d'activités sécuritaires et de haute qualité pour ses clients, a dit la Société générale dans un communiqué. Nous ne sommes plus en mesure d'assurer l'approvisionnement à court terme en devises et en argent liquide dans toutes nos succursales.»

Au cours de la journée de jeudi, quatre plus petites banques ivoiriennes ont aussi fermé leurs portes, invoquant des difficultés techniques.

«Une sorte de psychose s'est installée, a dit le courtier en assurances Jean-Claude Eddie. Les gens affluent dans les quelques banques qui sont encore ouvertes et celles-ci ne peuvent répondre à la demande. C'est le début d'une crise.»

Les diplomates et les analystes pensent que quand les employés de l'État ne recevront plus leur salaire, ils seront nombreux à faire défection. M. Gbagbo est est toujours soutenu par l'armée qui a brutalement réprimé les partisans d'Alassane Ouattara, qui n'a pas pu prendre ses fonctions de président même si la communauté internationale l'a reconnu comme vainqueur de l'élection.

M. Gbagbo a jusqu'ici été en mesure de payer les employés de l'État parce que le gouverneur de la banque centrale est l'un de ses alliés et a refusé de lui bloquer l'accès aux comptes de l'État. Mais le gouverneur a été congédié le mois dernier et les flux financiers ont cessé. Des sources bien informées affirment par ailleurs que M. Gbagbo s'est servi des recettes de l'industrie du cacao, contrôlée par l'État, pour joindre les deux bouts. Mais l'embargo sur les ventes de cacao est en vigueur depuis plusieurs semaines maintenant et ses effets commencent à se faire sentir.

M. Ouattara a été forcé de commencer son mandat présidentiel dans un hôtel d'Abidjan gardé par les casques bleus de l'ONU. Son premier ministre, Guillaume Soro, effectue présentement une tournée des capitales africaines pour consolider les soutiens au président légitime reconnu par la communauté internationale. La semaine prochaine, cinq présidents africains mandatés par l'Union africaine se rendront en Côte d'Ivoire pour persuader M. Gbagbo de céder le pouvoir.

Jeudi, en visite au Sénégal, M. Soro a déclaré aux journalistes qu'il était temps que les Ivoiriens se soulèvent comme l'ont fait les Égyptiens.

«Nous n'avons pas besoin de l'Union africaine... En Égypte, est-ce que l'Union africaine était présente? Y a-t-il eu un comité de chefs d'État là-bas? Ce sont les Égyptiens qui l'ont mis en fuite... Gbagbo n'est pas plus fort que Moubarak, a dit Guillaume Soro. Le peuple de Côte d'Ivoire doit lancer sa propre révolution.»

La pression financière commence à se faire sentir dans le pays. Plusieurs centaines de producteurs de cacao en colère ont incendié des sacs de cacao, jeudi, devant les bureaux de l'Union européenne à Abidjan pour protester contre les sanctions décrétées par la communauté internationale pour forcer M. Gbagbo à partir. Les fermiers ont affirmé que les sanctions avaient surtout eu pour effet de paralyser l'industrie du plus important producteur de cacao au monde.

«Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des fermiers, a dit Patrick Ayemou, un producteur de cacao de la région de Comoé. Nous possédons ce cacao et l'Union européenne ne devrait pas confondre les politiciens et les fermiers. À cause de l'embargo de l'UE, nous ne pouvons pas vivre des fruits de notre travail.»

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