Cote d'Ivoire : Santé : "Le cancer du poumon est évitable"
Lutte contre le cancer
Publié le 2 mars 2012 à 23h44
Une récente étude prévoit une diminution du taux de décès dans toutes les catégories de cancer en 2012, sauf pour le cancer du poumon chez les femmes. Martine Le Quellec-Nathan, directrice générale adjointe de l'INCa, explique que cette hausse traduit une augmentation du tabagisme chez les femmes pendant ces 50 dernières années.
Les projections sont encourageantes, mais à y regarder de plus près la lutte contre le cancer a encore des failles. Le taux de décès dus au cancer devrait diminuer de 10 % pour les hommes et de 7% pour les femmes en 2012, selon une étude prospective du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne, publiée cette semaine dans la revue Annals of Oncology. Martine Le Quellec-Nathan, directrice générale adjointe de Institut National du Cancer (INCa) explique à FranceSoir.fr que si ce taux de mortalité est globalement en baisse, il continue cependant de grimper pour le cancer du poumon chez les femmes.
France-Soir. Les prévisions statistiques indiquent que la mortalité due aux cancers devrait diminuer cette année dans l'Union européenne. Qu'en est-il en France?
Dr Martine Le Quellec-Nathan. En France, on observe depuis plusieurs années cette tendance à la baisse. En Europe, il existe de petites différences, car les pays n'ont pas la même histoire ni le même accès aux soins.
Pour la France, le taux de mortalité par cancer a diminué entre 1984-88 et 2004-08 de 24% chez l'homme (passant de 209,1 à 158,6 décès pour 100.000 hommes) et de 14% chez la femme (passant de 92,2 à 79,1 décès pour 100.000 femmes). La mortalité a donc baissé de manière moins importante chez la femme, mais on partait de beaucoup plus bas (comme le montre le graphique ci-dessous).
Sources : InVS/Inserm, 2011- HCL/InVS/INCa/Francim/Inserm, 2011
F-S. Comment expliquer ce recul du taux de mortalité?
Dr M. L.Q.-N. Différentes hypothèses peuvent expliquer le recul de la mortalité par cancer. Tout d'abord, on dépiste les cancers à des stades plus précoces qu'avant, et plus un cancer est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Ensuite l'amélioration des thérapeutiques permet une meilleure prise en charge du patient.
F-S. Le taux de décès diminue-t-il dans toutes les catégories de cancer ?
Dr M. L.Q.-N. Alors que globalement, la mortalité due aux différents cancers diminue, le cancer du poumon, lui frappe de plus en plus sévèrement la population féminine. Cette hausse traduit une augmentation du tabagisme chez les femmes dans les 40 à 50 dernières années. Il s'agit pourtant d'une maladie évitable. Par exemple en Grande-Bretagne, où la politique de lutte contre le tabac est plus développée que chez nous, le taux de mortalité a commencé à baisser.
La mortalité n'a pas non plus baissé pour le cancer du pancréas. Le taux de mortalité devrait rester inchangé en raison de la faible efficacité des thérapeutiques et des difficultés à établir un diagnostic avant un stade avancé.
F-S. Selon les prévisions statistiques, 161.000 décès dus au cancer seront à déplorer en 2012 en France. Quels sont les cancers qui tuent le plus actuellement?
Dr M. L.Q.-N. Le cancer du poumon entraine le plus de décès (32.000 décès prévus en 2012 : NDLR). Juste derrière, arrive le cancer colorectal (19.000 : NDLR). L'INCa et le ministère de la Santé organisent en ce mois de mars une campagne d'information. Depuis 2009, des tests de dépistage gratuit sont proposés aux hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans afin de diagnostiquer la maladie de façon précoce et ainsi mieux la combattre.