Cote d'Ivoire :''L'apres Gbagbo", La Côte d’Ivoire est un cas d’école

Publié le par lepetitjournalisteivoirien.over-blog.com


Publié le 03/05/2011 | 07H59 GMT

 
   
A Lire Aussi

Laurent Blanc, les Blacks, les Beurs et la FFF
EDITION 2011 JOURNEE MONDIALE DE LA DANSE
Le rôle de la danse en discussion

Corruption, violence, sécurité et développement

La présence portugaise en Sénégambie (XVè-XVIIè siècles)*

Boycott de la traversée de la Gambie
 
Des Tsunamis sociopolitiques de grande amplitude se succèdent depuis des mois, en Afrique et dans certains pays arabes, balayant au passage des régimes politiques, en en secouant d’autres, et en troublant le sommeil des chefs d’Etat totalitaristes auxquels les gémissements de leurs victimes de peuples ont l’air de  dire, « laisse mouton pisser, Tabaski viendra ». En ce qui concerne Monsieur Laurent Gbagbo, Tabaski est en fin d’arrivée.

Cette menace implicite mérite que ceux qui croient être nés pour régenter leur pays à leur guise, fassent attention. Mais c’est mal les connaître, que de croire qu’ils en sont capables, le pouvoir absolu leur ayant fait perdre la raison. Ils sont ainsi complètement rendus fous par les louanges anesthésiants de leurs thuriféraires, dont la vie ne vaudrait peut être plus la peine d’être vécue, sans les privilèges multiformes dont ils jouissent, peu importe le caractère dégradant de la contrepartie comportementale qu’ils donnent et certains propos orduriers qu’il leur arrive de s’entendre adresser.

Dans une telle ambiance de cour, des roitelets comme l’ont été de leur vivant le Président Mobutu Seséko, l’Empereur Jean Bedel Bokassa, Le Président Idy Amine Dada, le Président Gnassingbé Eyadéma, le Président Sékou Touré et son successeur le Président Lansana Conté, avaient comme l’impression que leur trop belle vie était éternelle. Quant aux  Présidents Hosni Moubarak, Ben Ali, et Laurent Gbagbo, leur triste fin de règne doit inspirer certains de leurs ex-pairs, qu’ils ne perdent rien à attendre leur tour.

Un homme averti en valant deux, le Colonel Kadhafi, malgré les apparences, a dû comprendre maintenant que lorsque les peules finissent par en avoir marre des souffrances, voire  de la male gouvernance, ils s’éveillent pour toujours, et la vie ou la mort leur deviennent égales, pourvu qu’elles se libèrent. Ils représentent alors un danger avec lequel  les pesants fardeaux qui les briment doivent désormais compter. 

Ce qui vient d’arriver au Président Gbagbo et à sa femme a dû peut être lui rappeler la manière particulièrement atroce dont des insurgés avaient ôté la vie au Président Samuel Do du Libéria, qui avait pris le pli de traiter ses compatriotes comme de simples sujets? Aucun de nos roitelets n’est, à priori, à l’abri d’un tel sort, que nous ne leur souhaitons pas cependant.

L’éjection des dictateurs finit toujours par se réaliser, mais très souvent, malheureusement, au prix de centaines de cadavres et de mares de sang de pauvres innocents, lancés les uns contre les autres ou utilisés comme des chaires à canon, sans savoir de quoi ça retourne en politique. Pour les emballer, ceux qui se servent d’eux mettent de côté les arguments politiques, qui peuvent manquer d’effets suffisamment dopants, par rapport aux arguments ethniques, religieux, confrériques, tribalistes, régionalistes, qui sont  malheureusement dévastateurs en puissance, de cohésions nationales.
Mais pour des leaders inconscients, les pertes humaines et la ruine des économies nationales importent peu, pourvu qu’ils atteignent leurs buts. Une telle conception de l’action politique est abjecte.

 Les évènements récents en Tunisie, en Egypte, en Côte d’Ivoire, qui mettront du temps à se cicatriser, et ceux en cours en Lybie, en Syrie et j’en passe, donnent des soucis aux observateurs conscients du devenir de tous ces pays, et d’autres encore qui, comme eux, ne sont pas à l’abri d’évènements identiques, les mêmes faits produisant les mêmes effets.

Comme si elles étaient sans état d’âme face aux massacres que des images télévisuelles montrent chaque jour, les organisations sous-régionales, régionales, mondiales, s’empêtrent dans des débats, dont elles auraient pu faire l’économie pour accélérer  le pas vers des prises de mesures draconiennes, seules capables de stopper net les folies meurtrières des politicards, qui n’ont d’objectif que pour l’accaparement du pouvoir dans nos pays, où la démocratie véritable est considérée par certains, comme un luxe auquel il serait prématuré que les africains prétendent.

Certains hommes d’Etat occidentaux qui sont de cet avis, s’accommodent parfaitement des dictatures qui sévissent en Afrique, tant que les populations qui les subissent se contentent de gémir, en  silence, de sorte à ne pas perturber leur exploitation égoïstement rentable, des richesses des pays  en question.

Union Africaine, Union Européenne, Ligue Arabe et Conseil de Sécurité des Nations Unies seraient-ils tous des « machins » qui, à l’occasion de chaque conflit interne où international, révèlent au grand jour leur inefficacité ?

La Côte d’Ivoire est un cas d’école, tant à cause de l’incapacité dont avaient fait preuve ces organisations, notamment l’Union Africaine, à y mener la course contre la montre, pour sauver des vies humaines et faire cesser les pillages dans les meilleurs délais, que pour le risque que le Président Laurent Gbagbo,   servît de précédent dangereux  en Afrique et ailleurs.

J’estime que c’est manquer de logique que de continuer à quémander sans vergogne des milliards chez « les impérialistes, champions d’ingérences dans les affaires intérieures des autres Etats », pour organiser des élections de plus en plus coûteuses, s’il est loisible à tout Chef d’Etat en fonction, candidat à sa propre succession, comme c’est la pratique dans notre continent, à de rares exceptions, d’organiser des simulacres d’élections, ou de contester tous résultats qui viendraient à le surprendre, pour imposer « ses résultats » taillés sur mesure, de connivence entre un Président du Conseil constitutionnel, servilement aux ordres, et un Chef de l’Etat via son ministre de l’Intérieur.

Si c’est ça l’ingérence, félicitations à ceux qui s’ingèrent, car ils mènent plutôt des actions humanitaires.
Mais Monsieur Gbagbo n’avait-il pas fait preuve d’inconséquence, en faisant fi de l’engagement qu’il avait pris, de reconnaitre les résultats sortis des urnes, pourvu qu’ils soient certifiés par la représentation de l’ONU en Côte d’Ivoire, qui avait pour mission de superviser le processus électoral? Même reproche à cette catégorie d’intellectuels, au nationalisme collégien mal placé, qui n’avaient pipé mot, lors que la conditionnalité de cet engagement se prenait, eux qui ont toujours tendance à accuser la France de menées « françafriquistes », même si elle agit de concert avec d’autres puissances et qui plus est, en vertu de résolutions adoptées par des organisations internationales, dont l’Union Africaine elle même.

La France, cette France a bon dos, et pourtant c’est vers elle que les Etats africains, leurs leaders politiques, leurs intellectuels se précipitent toujours en priorité, et pour cause, quand ils sont confrontés aux moindres difficultés de tous ordres.

D’aucuns, en mal d’inspiration, pourront toujours cogiter pour dire que ce n’était pas de façon désintéressée que les « colons Français » s’étaient investis vigoureusement pour trouver une solution au conflit Ivoirien. Qu’importe, même si une telle  conclusion tenait la route. Mais il reste indéniable que sans le concours de la France, à l’heure où toutes les médiations s’étaient heurtées à l’entêtement de Gbagbo, la population ivoirienne serait réduite aujourd’hui à une portion congrue, avec un nombre effarant d’invalides, car la guerre civile n’aurait cessé que faute de belligérants. Et  l’économie nationale ivoirienne qui a déjà suffisamment senti le coup passer, serait très fortement anémiée et, avec elle, certes dans une moindre mesure, celle de certains pays de la sous-région.

Quoi qu’il en soit, nul ne peut nier que c’était conjointement que des contingents de militaires de la France et des Nations Unies, étaient intervenus en Côte d’Ivoire.

Les théoriciens irréalistes qui prétendent que l’Afrique peut se passer de l’assistance extérieure pour organiser ses élections peuvent continuer leurs cogitations qui sont tout aussi irréalistes. Mais ne feraient-ils pas mieux alors  d’étudier comment réduire les budgets électoraux, pour les rendre réalisables, sans assistance et sans incidence sur l’indispensable nécessité d’organiser des élections démocratiques ?
Pensent-ils aussi à trouver les solutions idoines pour stopper les  partie-prie qui gangrènent les organismes, que sont le Conseil constitutionnel et la CENA.

A mon avis de telles solutions devront consister à créer une procédure de désignation des présidents de ces organismes, de manière à les rendre indépendants de l’Exécutif 

Mais dans tout ça, à quoi servent les autres membres des CENA et des conseils constitutionnels? Seraient-ils de simples figurants, des faire-valoir? On oublie même jusqu’à leur existence, puis qu’on ne parle jamais d’eux, en bien ou en mal, alors que ces organismes sont censés statuer dans la collégialité, ce qui signifie qu’eux aussi sont comptables, de tout ce qui peut advenir de regrettable, suite aux avis et arrêts de ces organismes.

C’est pourquoi, lors que Monsieur Moustapha Touré avait été contraint et forcé de quitter la présidence de la CENA, sous forme de démission, pour les causes et conditions que l’on sait, des observateurs comme moi avaient été estomaqués de voir qu’aucun des membres de cette structure n’avait protesté. A mon avis, il ne serait même pas exagéré de s’attendre à une démission collective de tous ses collègues, ce qui imposerait plus de considération à cet organisme de contrôle et de supervision.

Des propos de Maître Wade  opposant, qui avaient soulevé un tonnerre d’applaudissements lors d’un meeting, me reviennent toujours à l’esprit: « Il faut refuser de se plier aux ordres, mêmes hiérarchiques, s’ils ne sont pas fondés en légalité». Que ce serait légitime, sauf dans l’Armée où les règlements en disposent autrement. Mais comme si le monde de l’opposition était à l’envers de celui du pouvoir, cette conception wadienne n’est plus valable pour Wade.

Retournons en Côte d’Ivoire. Voilà un Laurent Gbagbo qui, parce que le conseil constitutionnel l’a déclaré réélu président de la République, persiste dans sa conviction déraisonnable qu’il l’était réellement, contre tout bon sens,  malgré l’avis contraire sans équivoque de toutes les organisations internationales, y compris   l’Union Africaine et ses démembrements. Malgré aussi la quasi-totalité de ses amis personnels et de ses amis politiques, militant comme lui, dans des partis membres de l’Internationale socialiste.

Pour lui, seule compte la décision du conseil constitutionnel, malgré la pagaille indescriptible dans laquelle il avait opéré, malgré la façon de faire et de se comporter manifestement partisans de son président, qui s’était complètement discrédité en se révélant inconsciemment comme représentant de fait de Gbagbo au sein dudit conseil. En aucun moment, ni Gbagbo, ni aucun de ceux qui le soutenaient, ne s’en était pourtant pris qu’à la France. No comment !  

Maintenant que le Président du Conseil Constitutionnel sait que celui qui a été son obligeant est définitivement écarté du pouvoir, sans gène, il s’en est déjà allé faire des accolades, façon de signifier sa transhumance à celui qui l’en a écarté. Où gisent le « ngor, le diom, le kersa », la vergogne, la conviction de certains hâbleurs de politiciens africains, qui prétendent se battre pour l’intérêt des populations? Mon œil !

Quant à un des représentants du camp Gbagbo à la CENA, il s’était aussi discrédité, pour s’être permis d’arracher violemment, devant un public médusé, des mains du président de cette commission, les procès verbaux dont il publiait les résultats, qui laissaient présager du futur KO de son candidat.

Dès lors, il était prévisible que celui-ci n’accepteraient que les résultats qu’il attendait de son obligé de  Président du conseil  constitutionnel , dont d’aucuns soutiennent que pour des raisons que personne n’ignore, il n’était  pas dans les conditions de neutralité qui incombent à tout juge digne de sa mission de juger.    
Tous les médiateurs ayant fait la navette entre Ouattara et Gbagbo étaient repartis bredouilles, avec la conviction que ce dernier ne reconnaîtrait que des résultats qui le réinstalleraient.

Quant aux cadavres qui jonchaient les rues, baignant  ça et là dans des mares de sang, aux saccages des maisons et des magasins, à la paralysie de l’économie nationale et des structures sanitaires, aux sanglots des blessés graves qui se savaient en sursis, assistant, impuissants à l’agonie de personnes proches, Gbagbo ne s’en été jamais soucié. Insensible à la pitié, il ne voulait rien entendre, même de ses amis politiques étrangers, n’envisageant qu’une seule solution: celle qui le laisserait tranquille sur son fauteuil, quitte à  écraser tous ses adversaires identifiés, voire tous ceux qu’il soupçonnait de l’être.

Ainsi les très graves conséquences de son entêtement à croire qu’il a raison sur tout le monde,  ne l’ont jamais préoccupé. Ce qui par contre troublait son sommeil, c’était la phobie d’être un futur ancien Président de la République.

Un tel souci, il le partageait avec beaucoup d’autres roitelets de notre continent, qui, comme lui, semblent ne pas être conscients que toute situation dans ce bas monde a une fin.

Qu’ils soient arrivés au pouvoir démocratiquement, ou par des coups d’Etat militaires ou institutionnels, par des bourrages d’urnes ou, de manière fine, par des manipulations ingénieuses de l’outil informatique, nos chefs d’Etat nous rabattent les oreilles par des discours où le mot « démocratie » revient sans cesse.
Mais qu’on ne s’y trompe pas; la plupart d’entre eux n’évoquent la  démocratie que du bout des lèvres, par démagogie ou pour être en phase avec le discours tenu à la Baule par le Président François Mitterrand, tout en évitant de se l’appliquer, au motif fallacieux non avoué qu’on ne laisse pas couper une branche sur laquelle on est perché.               
   
Qu’ils pensent au sort non enviable, voire atroce, de la plupart des dictateurs qui avaient intérieurement pris l’option de ne quitter leur palais présidentiel que dans une civière, à moins de choisir un moment propice pour prendre leur pied à leur cou, en y abandonnant des fortunes immenses volées.

Maître Wagane Faye

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article